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Photo du rédacteurInès Verly

TSAHAL, L’OPPRESSEUR PERVERS

Pendant que des milliers de Palestiniens meurent sous les bombardements israéliens, de nombreuses photos et vidéos publiées sur les réseaux sociaux révèlent que les soldats de Tsahal se mettent en scène dans la guerre la plus meurtrière du conflit. Au-delà d’être les premières victimes du conflit, les femmes et enfants n’échappent pas non plus au sadisme colonial.

Photo tirée du compte instagram d’un soldat israélien selon Younis Tirawi, journaliste palestinien (X : @ytirawi)

Le 7 octobre 2023, le Hamas frappe Israël d’une sanglante attaque, causant la mort de 1 163 israéliens puis entraînant en représailles, celle de plus de 33 000 Palestiniens. Une attaque et une guerre sans précédent, ouvrant une nouvelle phase armée dans ce conflit démarré en 1948. Cette guerre, c’est avant tout une guerre des images. Le conflit israëlo-palestinien dure depuis 76 années, la géopolitique ainsi que le monde ont évolué et en même temps que lui, l’information. Depuis les Intifadas (en 1987 puis en 2000), les horreurs sont montrées. Leur diffusion est accentuée par le développement de réseaux sociaux. Certaines images font même le tour du monde, exposant les réalités d’une guerre particulièrement meurtrière. Parmi ces contenus violents, on retrouve ceux produits par les membres de Tsahal, l’armée israélienne. Depuis le 7 octobre, ils multiplient les vidéos humoristiques et malsaines, vantant les mérites de leurs sévices. Mais un autre type de photos a progressivement émergé : celles de soldats se photographiant fièrement avec la lingerie de femmes palestiniennes.



L'ARMÉE LA PLUS MORALE DU MONDE ?


Les atrocités ont toujours fait partie du conflit israélo-palestinien. Si Tsahal désire se faire appeler “l’armée la plus morale du monde”, on ne peut nier les violences, tortures, humiliations, privations de libertés, meurtres et viols commis sur le peuple palestinien. De lourds soupçons de génocide et de crime de guerre pèsent sur Israël; ce qui a poussé la Cour Internationale de Justice à demander, le 29 décembre 2023, un examen de la situation. Ce n’est plus un secret : l’armée israélienne fait preuve d’une extrême violence, injustifiée et cruelle. Les soldats israéliens profitent de la fragilité des femmes palestiniennes, sujettes à un manque de soins maternels et d'hygiène menstruelle. Nombreux sont les témoignages qui relatent des viols ou agressions sexuelles. L’ONU reconnaît d’ailleurs l’envergure de la problématique avec un rapport érigé le 19 février 2024. Des témoignages évoquent aussi que ces hommes cherchent à faire pression sur les Palestiniennes en les menaçant de violences sexuelles. Des femmes racontent qu’elles ont été forcées de se déshabiller sous peine d'être violées par exemple. Le viol est une arme de guerre bien installée mais ici, il est aussi utilisé comme menace, au service de l’humiliation.


Ce qu’il y a de nouveau et de troublant, c’est la façon dont ces horreurs sont revendiquées. Les soldats israéliens sont friands de mises en scène et sont très nombreux à documenter leur combat sur les réseaux sociaux. Ils diffusent principalement des images qui montrent leur joie devant les bombardements. On les voit s’approprier les ruines de Gaza ou de Khan Younès, s’accaparer les maisons désertées. Ils se filment en train d'écrire des insultes sur les obus ou alors en train de détruire des jouets d’enfants. Parfois, ils vont plus loin. Une vidéo d’un soldat francophone récemment diffusée sur le compte X de Rima Hassan en atteste. Il filme un palestinien aux yeux bandés et ligoté, en lui demandant : “Alors t’es à l’aise là ? On est bien là ?” il ajoute : “La vie est belle, les oiseaux chantent et nous on va vous casser le cul, sale raton.” Des visions d’horreur, à la limite de la caricature, qui profitent à l'État colonial.



PERVERSITÉ ET FANTASME COLONIAL


C’est au croisement de ces impitoyables images et des violences sexuelles accrues, que l’obsession pour la lingerie des palestiniennes naît. En février dernier, la photo d’un soldat franco-israélien fait le buzz. Il s’affiche fièrement aux côtés d’une collection de lingerie accrochée au mur contre lequel il est appuyé. Comble de la perversité : la photo agrémente son profil pour un site de rencontre.


Des images comme celle-ci, il en existe des dizaines. Il y a celle de ces hommes posant avec cette robe rouge comme un trophée. Celle où on les voit porter, en guise de déguisement, les sous-vêtements. Ou encore celle où ils sont placés entre des barbelés. Rappelons le caractère macabre de ces mises en scène : ces hommes ont accès aux sous-vêtements puisque les maisons sont désertées au vu du risque de bombardement. Les six premières semaines du conflit, Israël avait lancé plus de 29 000 bombes sur Gaza. Les femmes dont les soldats fétichisent les sous-vêtements sont probablement mortes, déplacées ou prisonnières.


« BOUSBIR », Couverture de l'hebdomadaire Voilà , 1936 [NOVEMBRE]. © Coll. Groupe de recherche ACHAC. Bousbir était un bordel important à Casablanca, on y comptait entre 800 et 1000 prostituées.

Ce qu’il y a de saisissant, c’est l’imaginaire colonial dont sont imprégnées ces images. La sexualité de la femme colonisée est, depuis toujours, l’objet d’un fantasme pour les colons. Ici, les soldats israéliens accordent de l’importance au linge de corps de ces femmes car, en plus d’être le symbole de l’intime et de la vulnérabilité, il renvoie à une nudité proscrite dans l’Islam. L'immense majorité de la population palestinienne étant musulmane, s’exhiber avec la lingerie d’une palestinienne, c’est afficher ouvertement son mépris pour ces dernières. Ces scènes de soldats s’amusant du corps de femmes musulmanes peuvent nous renvoyer à une iconographie bien plus ancienne, celle des représentations de Harem ayant pour grand intérêt le corps féminin arabe et musulman dévêtu. 


La photo offre la possibilité à celui qui la regarde de partager le regard de celui qui l’a prise. Ici, elles sont prises par les soldats eux-mêmes. Il est donc difficile de se leurrer sur la façon dont ils considèrent les Palestiniennes. Elles sont réduites à leur sexualité, tournées en dérision. Chaque soldat qui se photographie fièrement avec des dessous féminins cherche à déshumaniser encore un peu plus les palestiniennes, mais aussi les Palestiniens. Ce que ces photos nous crient ici c’est : “voilà un peuple qui n’a pas le droit à la dignité”.



LA NORMALISATION D’UN DISCOURS DE HAINE


Les multiples images publiées arrogamment par les soldats pourraient se retourner contre Tsahal. Elles comportent des éléments attestant de crimes contre l’humanité selon l’avocat Johann Soufi, spécialiste en droit international. En effet, il s’agit “d’atteinte à la dignité” et de “pillage”, selon les articles 8-2-b-xxi et 8-2-b-xvi du Statut de la Cour Pénale Internationale. Ces photographies constituent donc de véritables infractions, bien qu’elles ne semblent pas déranger la hiérarchie des soldats. D’un point de vue général, ces photographies sont particulièrement révélatrices de la mentalité des soldats israéliens. Elles sont le symptôme d’un dogme qui propage l’idée que le peuple palestinien est inférieur, qu’il déteste l’identité juive et donc, qu’il faut l’éradiquer. En normalisant ce genre de contenus, Israël ancre le discours anti-palestinien. Comme le souligne une nouvelle fois Johann Soufi : ce discours, appuyé par des contenus visuels déshumanisants, est un contexte tout à fait favorable aux crimes de guerre. Face à ces horreurs, la réaction de Tsahal se fait toujours attendre.


Dans un contexte de guerre idéologique aussi violente que celle-ci, les images sont le meilleur moyen d’influencer l’opinion publique. Difficile de savoir quelles réactions elles suscitent chez les Israéliens. En revanche, les défenseurs de l’Etat Hébreu ont vite accusé le Hamas d’avoir falsifié ou mis en scène les images de ces hommes jouant avec l’intimité des femmes palestiniennes. Pourtant, une grande partie d'entre elles sont publiées sur les réseaux sociaux personnels et publics des soldats et on peut aisément vérifier leur identité.














Deux photographies provenant du compte X de Younis Tirawi (X : @ytirawi)


Si ces photos sont assumées et revendiquées c’est que dans l’esprit du soldat israélien, elles sont justifiées et tolérables et donc qu’elles correspondent presque à une situation normale. Mais alors, combien de photos encore plus affreuses sont diffusées à l’interne ? Et si nous n’avions accès qu’à la face visible d’un iceberg de l’horreur ?


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